Depuis notre analyse de février 2024, la production a évolué et un comité de pilotage a eu lieu, ne nous offrant en revanche toujours pas une visibilité suffisante concernant le futur du dispositif. Cependant,nous pouvons dresser les comptes avec les données fournies dans la présentation ainsi que celles de la lettre d’information de mars 2024.
Ainsi, pour estimer la situation à la fin de la 5e période, nous comparerons la production (délivrance des volumes) par rapport à l’obligation. Nous prendrons une production égale à la moyenne des délivrances entre 2022 et 2023.
• 38.98 TWhc pour les CEE Classiques.
• 19.79 TWhc pour les CEE Précarités.
Les obligés feront face à un manque de CEE Classiques et un faible surplus en CEE Précarités.
• -309.93 TWhc – Classique
• +33.87 TWhc – Précarité
52.5 TWhc de Classique et 18.4 TWhc de Précarité devront être délivrés afin d’obtenir au 31/12/2025 un volume de délivrances égal au besoin de l’obligation. La production mensuelle de CEE Classiques doit donc augmenter de 35% par rapport à la moyenne entre 2022 et 2023. Pour les CEE Précarité, il est nécessaire de conserver une production similaire à celle entre janvier 2022 et décembre 2023.
Voici un aperçu du stock/manque de certificats au 1er janvier 2026 en fonction de la production entre février 2024 et décembre 2025.
Depuis notre dernière analyse, le prix des certificats d’économiesd’énergie a de nouveau chuté, atteignant au plus bas, 7.01 €/MWhc pourles CEE Classiques et 7.25 €/MWhc pour les CEE Précarités.
Nous notons cependant un rebond du prix des CEE Précarités, lié à la difficulté de production et au manque de gisement. En témoigne le peude volume récemment délivré.
La baisse observée à la suite des fêtes de fin d’année 2023 s’explique par deux types d’évènements :
1. Gestion aléatoire des risques. La hausse de fin d’année a attisé la cupidité de certains acteurs. Certains ont conservé leur volume espérant le vendre toujours plus cher dans le futur, jusqu’à la chute brutale de ce début d’année.
2. Manque de visibilité. Nombreux sont les acteurs ayant du volumebloqué auprès du PNCEE. Il est donc risqué pour eux de s’engagersur des contrats à terme, la date de délivrance étant incertaine.
Lorsque les volumes furent délivrés, un nombre important de certificats s’est retrouvé sur le marché secondaire spot. L’offre et la demande ont tiré les prix vers le bas : beaucoup de volumes disponibles pour une demande constante liée à l’obligation.
Cette baisse de prix inquiète les producteurs et peu d’acteurs y trouvent une explication logique. Nous sommes actuellement dans une phase où ces derniers attendent la délivrance de leurs volumes ainsi que des annonces concernant la 6e période.
Actuellement, 328 TWhc sont en cours d’instruction auprès du PNCEE.221 TWhc de CEE Classiques et 101 TWhc de CEE Précarités.
Peu de volume délivré depuis le début de l’année :
• Janvier 2024 : 21.5 TWhc Classique, 5.5 TWhc Précarité.
• Février 2024 : 32.1 TWhc Classique, 8.7 TWhc Précarité.
Les volumes délivrés en ce début d’année ne permettent pas aux obligés de couvrir leur obligation. Si les certificats en cours d’instruction sont délivrés par le PNCEE sur une courte période, nous pouvons nous attendre à une nouvelle baisse du prix des certificats.
Au manque de visibilité s’ajoutent de nombreuses interrogations sur la6e période. Chaque point actuellement abordé dans les groupes de travail sur la suite du dispositif aura un impact significatif sur la valorisation des CEE.
Une obligation entre 1250TWhc et 2500 TWhc annuelle est envisagée. Avec une production similaire, il est certain quele prix des certificats augmenterait drastiquement. Pourpermettre aux obligés de remplir leurs obligations, des bonifications seront nécessaires. Ce sujet est également en cours de discussion dans les groupes de travail.
Avec ce mécanisme, le volume disponible sur le compte de chaque obligésera contrôlé à la moitié de la 6e période. Il sera donc plus risqué pour les obligés d’utiliser la phase de réconciliation de la 5e période. Les obligés souhaiteraient remplir leurs obligations dès décembre 2025 afin de n’avoir aucun retard sur la P6.
Enfin, les élections présidentielles de 2027 pourraient redéfinir le fonctionnement du dispositif. Les CEE permettent à la France d’atteindre les objectifs de décarbonation fixés par l’Union Européenne. Certains partis politiques souhaitent sortir de l’UE, ce qui entraînerait la modification voire l’abandon du dispositif avec comme unique objectif la réduction de la facture énergétique à court terme des ménages.
La récente chute a mis du temps à se manifester sur le marché primaire. De nombreux acteurs se voient encore incités à de hauts niveaux de valorisation, du fait de la prise de positions de certains producteurs lorsque le marché secondaire était élevé. Néanmoins, de plus en plus de renégociations de contrats primaires en phase avec le marché secondaire sont observées .
Le spread primaire-secondaire s’est resserré au point que nous avons de nouveau vu la réapparition de frais de service sur les primes coup de pouces. Ceci permet aux producteurs de faire valoriser des opérations en réduisant le coût d’achat sous les 6.50€/MWhc. Pour rappel, le Ministère de la Transition Écologique avait confirmé la possibilité d’avoir recours aux frais de service pour les opérations coup de pouce.
La raréfaction des CEE Précarités, frôlant la pénurie sur le marché secondaire spot, couplée au manque de visibilité sur les gisements et par extension dépôts et délivrances, provoque une forte montée de leur valorisation pour toutes les maturités.
Le marché secondaire des CEE est en attente d’annonces de la part du gouvernement concernant la 6e période. Cette incertitude défavorise la liquidité des transactions, leur volume et rend le marché amorphe. Le résultat des groupes de travail sur la P6 permettra peut-être auxacteurs du marché d’avoir de la visibilité et donc de redonner au dispositif son dynamisme.